L’ALBATROS

Sujet de recherche :
Suivi des populations de grands albatros dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises

Chercheurs :
Julien Collet et Charles-André Bost, Centre d’Études Biologiques de Chizé (CEBC) – UMR 7372 (La Rochelle Université – CNRS)

Artistes :
Maya Mouawad et Cyril Laurier

Forme de l’oeuvre :
Origami à taille réelle d’un oiseau géant

Modalités d’interaction avec le public :
Circuler autour de la sculpture en papier
Contempler le jeu de lumière

 

Mots clés :

Sciences : oiseau marin, prédateur, population, chaîne alimentaire, environnement.

Arts : sculpture, socle, impression 3D, origami, lumière.

 

Ce module d’exposition permet de découvrir différentes informations qui permettent de mieux connaitre le grand albatros. Il renseigne sur son habitat (lieu et environnement), sa morphologie (taille, poids), son alimentation, sa reproduction (durée de gestation, nombre de petits, mode de reproduction), sa longévité, les menaces à sa survie… 

L’œuvre créée par les artistes représente un albatros grandeur nature qui donne à voir le rôle de sentinelle joué par les grands albatros.

Contenu scientifique

Suivi des populations des grands albatros dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises

Au Centre d’Etudes Biologiques de Chizé (CEBC), une équipe de recherche s’intéresse aux prédateurs marins. Étant situées dans la partie supérieure des réseaux alimentaires, ces espèces sont sensibles aux dynamiques des espèces situées dans les niveaux inférieurs. L’étude des prédateurs permet donc de connaitre l’état des écosystèmes auxquels ils appartiennent et de rendre compte de leurs évolutions, aujourd’hui souvent liées aux activités humaines. Parmi les espèces étudiées, une est emblématique des recherches qui se font au CEBC depuis des décennies : le grand albatros de l’archipel de Crozet (Diomedea exulans).
L’albatros hurleur (Diomedea exulans), également appelé grand albatros, est le plus grand et le plus lourd (entre 8 et 12 kg) des oiseaux volants. Cet oiseau marin, dont la longévité peut atteindre 75 ans, niche dans les îles subantarctiques : Géorgie du Sud, archipel des îles Crozet et Kerguelen.

Les études sur les albatros des Terres australes : un patrimoine scientifique

La première campagne sur les grands albatros de l’archipel de Crozet date de 1959. Les 200 albatros bagués lors de ces premiers travaux ont par la suite servi de base pour la mise en place d’un programme de suivi annuel des populations, dès 1965. Le CNRS et le Centre d’études biologiques de Chizé récupèrent la charge de ces recherches dans les années 1980, sous la houlette du l’Institut Polaire Français qui s’occupe de la mise en œuvre technique des missions dans les régions polaires.
Les scientifiques du CEBC peuvent donc s’appuyer sur des données de long terme issues d’un programme de suivi démographique annuel de presque 60 ans. Les équipes ont une très bonne connaissance des colonies de l’archipel de Crozet, à l’image de celle de l’île de la Possession, sur laquelle plus de 15 000 albatros ont été bagués et où tous les individus sont aujourd’hui identifiés. Au cours des décennies, les études sur le grand albatros ont également été pionnières dans l’utilisation de nouvelles technologies de suivi des animaux. À titre d’exemple, à la fin des années 1990, le grand albatros est la première espèce sur laquelle un traçage GPS a été testé.
Les équipes du CEBC poursuivent aujourd’hui ces travaux en envoyant des scientifiques pour des missions de 12 à 14 mois dans les Terres Australes Françaises afin d’assurer la continuité du suivi démographique et de mener diverses d’études sur le comportement des grands albatros.

Cycle de vie et comportements alimentaires

Le programme de suivi démographique à long terme a permis aux scientifiques d’avoir une bonne connaissance des différentes phases de la vie des grands albatros. En effet, durant sa longue existence, 60 ans en moyenne, ces oiseaux marins passent par différentes étapes : 1) juvénile, le jeune albatros est nourri les 8 à 9 premiers mois de sa vie par ses parents; 2) immature, il quitte le nid et passe entre 3 à 7 ans en mer sans revenir sur son île natale; 3) adulte, l’albatros se reproduit pour la première fois vers l’âge de 10 ans; 4) les périodes de reproduction induisent des comportements spécifiques; 5) à la fin de leur vie, les capacités des grands albatros sont diminuées.

Chaque période de la vie est caractérisée par des comportements alimentaires distincts : des oiseaux d’âges différents ne se nourrissent pas dans les mêmes zones. Connaitre et étudier l’évolution de ces comportements permet de comprendre des évolutions plus générales des écosystèmes. Par exemple, les grands albatros sont très dépendants des vents pour se déplacer, et donc pour trouver leur nourriture. Les chercheurs ont observé que les oiseaux reproducteurs font des voyages alimentaires de plus en plus courts pour nourrir les poussins. Cette évolution est à mettre en lien avec le changement climatique, qui entraine des vents plus forts autour de Crozet, facilitant le déplacement des albatros. Ainsi, en liant les données démographiques et les comportements alimentaires sur un long terme, les albatros sont bien une sentinelle qui permet de rendre compte de changements plus généraux des écosystèmes.

Une sentinelle des activités de pêche

Depuis quelques années, les grands albatros font l’objet de nouvelles études. L’une des principales menaces qui pèse sur cette espèce est la pêche qui se pratique dans l’océan Austral. En effet, les bateaux dans cette région du monde utilisent des palangres : de longues lignes sur lesquelles sont attachés des hameçons qui portent des appâts. Les albatros sont attirés et plongent sur ces appâts et se prennent dans les hameçons par la même occasion.
Grâce à une technologie de balises capables de repérer les radars des bateaux, tout en fournissant une localisation GPS, les scientifiques de Chizé ont étudié la distribution et la fréquence des rencontres entre les navires de pêche et les albatros. Par ailleurs, ces travaux ont également permis de détecter les bateaux qui pêchent illégalement, en comparant les zones de détection des radars aux positions des bateaux déclarés officiellement à un système de régulation international (système « AIS »). Ainsi, les études sur le grand albatros revêtent maintenant un intérêt pour les pays qui cherchent à avoir une meilleure connaissance et un meilleur contrôle des pêches dans leurs eaux.

Approche artistique

Lors de leur résidence au CEBC, les deux artistes ont été particulièrement impressionnés par la taille du grand albatros. Ils ont donc choisi de capter l’attention des visiteurs par une sculpture à taille réelle, attirant le regard sur l’envergure impressionnante de l’animal (pouvant atteindre 3,50 mètres). La sculpture est en papier épais, réalisée selon la méthode de l’origami. Ses pattes sont quant à elles réalisées en plastique grâce à l’impression 3D.

Le corps du grand albatros est fixé sur des plaques verticales translucides en plexiglass, sur lesquelles les artistes ont écrit les informations qui les ont particulièrement frappés sur cet oiseau : « bat très peu des ailes, expert du vent, 5 ans sans toucher terre, se reproduit où il est né, le plus grand oiseau volant, vole 150 000 km par an, 80 % de sa vie en mer, grandit 1 an avant de s’envoler, vit 75 ans, parades spectaculaires et sonores ».

Le socle de l’œuvre est constitué de plaques en plexiglass dépoli, à travers lesquelles le visiteur peut voir le cheminement circulaire d’une lumière, à la manière d’un phare. Cette partie de l’œuvre est l’interprétation, par les deux artistes, du rôle de sentinelle joué par les grands albatros.

« L’idée de l’œuvre Albatros est née progressivement, à partir de la rencontre avec les chercheurs, qui nous ont énuméré toutes les choses exceptionnelles sur cet oiseau : le fait, par exemple, qu’il soit capable de voyager sur des milliers de kilomètres, pendant des années, sans toucher terre. Mais la chose la plus essentielle et impactante concernant cet animal à nos yeux, c’est sa taille. D’où notre idée d’arriver à attirer le regard et l’intérêt en représentant son envergure monumentale. Cela nous a fait découvrir et étudier de nouvelles pratiques. Nous avions déjà une expérience personnelle de l’Origami, et pliages papier, mais nous n’avions jamais utilisé ces techniques dans nos œuvres jusqu’à notre résidence pour le NANOmusée. » Mouawad + Laurier

Ressources pédagogiques

Pour accompagner l’exposition du NANOmusée, un guide pour les enseignants du cycle 3 et un kit de médiation pour le grand public (livret, guide de médiation en autonomie, mini BD) est mis à disposition.

Les médiateurs du NANOmusée proposent également des visites guidées et des ateliers à destination des scolaires à partir de 8 ans. Les élèves découvrent ainsi, de manière adaptée à leur âge, les sujets de recherche mis en scène dans chacun des modules. Ils sont également sensibilisés à la démarche artistique des auteurs de chaque œuvre.