L’OBSERVATOIRE
L’Observatoire, inspiré de l’expérience immersive de l’artiste au sein de l’observatoire PELAGIS, nous emmène à la rencontre de l’extraordinaire diversité des oiseaux, des mammifères marins et de la mégafaune évoluant au large de la côte atlantique.
D’après la rencontre entre l’artiste Junie Briffaz et l’ingénieure de recherche Sophie Laran ainsi que l’équipe de l’unité d’appui à la recherche PELAGIS (La Rochelle Université, CNRS).
Contenu scientifique
Observation de la mégafaune marine et suivi des échouages
L’observatoire PELAGIS a pour mission le suivi des populations de mammifères marins, d’oiseaux de mer et autres espèces marines de grande taille (la mégafaune marine). Les connaissances développées par PELAGIS sur ces différentes espèces place l’observatoire au coeur des enjeux de conservation et de protection de la biodiversité marine. De plus, l’observatoire s’occupe d’étudier la mortalité des mammifères marins à travers la coordination du Réseau National Échouages (RNE).
Les campagnes d’observation
Les campagnes de suivi de la mégafaune marine menées par PELAGIS se font de deux manières. La première méthode consiste à mener des observations depuis les airs à l’aide de petits avions. Ces derniers disposent de hublots qui permettent aux membres de l’équipe d’observer la surface de l’eau. Dès que les scientifiques repèrent un animal, un bateau ou un déchet, il est signalé aux autres membres qui disposent d’un ordinateur et qui enregistrent chaque observation afin de pouvoir les rentrer dans une base de données une fois de retour dans les bureaux.
PELAGIS mène aussi des campagnes d’observation en mer grâce à une collaboration avec l’Institut Français de Recherche pour l’Exploitation de la Mer (IFREMER). Cela permet d’embarquer des observateurs sur les bateaux de la Flotte océanique française à l’occasion de différentes campagnes dans le golfe de Gascogne, dans la Manche ou encore en Méditerranée.
Il faut noter que l’avion dispose de certains avantages sur les campagnes en bateau. Les missions de survol permettent de couvrir une plus large zone en moins de temps. De plus, l’avion peut se déplacer facilement vers des zones où la météo est plus convenable pour mener les observations.
Les enjeux de protection et de conservation
Les activités de l’observatoire PELAGIS rencontrent à différents niveaux les enjeux de conservation et de protection des oiseaux et mammifères marins. D’abord, les observations permettent de connaitre l’état des populations pour lesquelles les États se sont engagés dans des programmes de protection et de conservation. Deuxièmement, certaines campagnes PELAGIS sont réalisées dans des zones où les activités humaines sont multiples et exercent des pressions sur la mégafaune marine. C’est notamment le cas du Parc naturel marin Estuaire de la Gironde et de la mer des Pertuis pour lequel l’observatoire a mené des missions de survol. Cette zone a en plus le statut d’aire marine protégée et pourrait faire l’objet de réglementations en matière de protection de la biodiversité. La connaissance du milieu marin et de l’impact des activités humaines revêt donc un intérêt particulier.
Finalement, la connaissance des populations d’animaux marins permet de comprendre l’ampleur des crises lorsqu’elles surviennent. C’est par exemple actuellement le cas avec les échouages massifs de dauphins communs sur les côtes atlantiques. Connaitre le nombre d’individus vivants permet de se rendre compte de l’impact des mortalités hivernales qui sont enregistrées sur les côtes.
Le Réseau National Échouages
L’observatoire PELAGIS est également le coordinateur du Réseau National Échouages. À ce titre les équipes du laboratoire reçoivent les signalements de leurs correspondants dans les régions littorales ou des promeneurs qui trouvent un cadavre. Cela permet d’une part de recenser les échouages en fonction des zones et des espèces. Puis, les équipes procèdent à un examen des animaux afin de récolter des informations sur leur état de santé et de leur environnement. Ce réseau, vieux de plus de 50 ans et basé en partie sur le concept de science participative, constitue la principale source des connaissances sur les mammifères marins en France.
De plus, les autopsies permettent de déterminer les causes de décès des mammifères. Dans le cas des échouages de dauphins qui ont eu lieu dernièrement, il s’avère que la majorité des individus sont morts suite à des blessures causées par des engins de pêche.
Approche artistique
Pour concevoir son module, l’artiste Junie Briffaz s’est appuyée sur la diversité des actions des scientifiques qu’elle a pu observer lors de ses deux jours de résidence au sein de PELAGIS :
- L’observation aérienne de la mégafaune marine :
Junie a pu voir comment les chercheurs traitent, cartographient et analysent les données recueillies à l’aide de petits avions.
- L’examen de cadavres de mammifères marins :
il permet aux scientifiques de déterminer l’état de santé des populations afin d’identifier les pathologies et les principales causes de mortalité au sein de ces populations. Junie a pu assister à un tel examen sur un dauphin commun.
- La conservation et le classement des échantillons prélevés sur les animaux :
Junie a eu accès à la banque de prélèvements de tissus biologiques et d’os, qui constitue un support pour la recherche scientifique afin de répondre aux questions sur l’écologie et sur la conservation d’oiseaux et mammifères marins.
- L’étude des dents des mammifères marins échoués, pour déterminer leur âge :
Junie a pu voir comment les dents sont préparées par les scientifiques afin d’être observées à l’aide d’un microscope.
- Le sauvetage d’un mammifère en détresse :
Junie a pu assister à l’opération d’éloignement d’un dauphin commun qui s’était fortement approché des côtes de l’île de Ré, risquant de s’échouer.
Junie a voulu retranscrire en dessins la diversité des expériences qu’elle a pu vivre au contact de cette équipe de recherche, en illustrant sur un album grand format les différentes activités des scientifiques. Pour faciliter la manipulation par le public, les pages de l’album sont imprimées sur des bâches en PVC ou dessinées au feutre sur du PVC et du plexiglass.
“Ma résidence m’a permis de me rendre compte de la réalité des actions menées par le laboratoire. Des activités très diverses et qui demandent des compétences très différentes. J’ai eu envie de retranscrire ces différentes facettes puisque PELAGIS ne peut à mon sens être réduit à une seule activité. J’ai ressenti le besoin de raconter ce que j’avais vu et vécu. J’ai adoré la rencontre avec les chercheur•euse•s, je n’ai pas souvent l’occasion de rencontrer des univers aussi différents du mien. J’ai fait un rapprochement entre le métier de chercheur•euse et le mien, dans le sens d’un investissement total dans son travail, et celui d’essayer des choses qui n’aboutiront pas ou qui n’auront pas forcément de finalité concrète. J’ai également été surprise par la dimension humaine vitale pour la mégafaune marine. Surtout pour la partie intervention et échouages.”






